Guitar Part n°164
Dans l'édition du mois de Novembre, interview de Matt (et oui, encore lui... à quand l'interview de Chris ?!! XD)
Guitar Part: As-tu déjà entendu parler des Museslash (ce sont des histoires écrites par des fans sur le groupe et qui, habituellement, font intervenir quelques péripéties sexuelles) ?
Matthew Bellamy: Museslash ? Non, je vais certainement vérifier ça dès que possible. Je n'en avais jamais entendu parler jusqu'à ce jour, mais ça sonne bien. Cela me semble très intéressant.
Muse a beaucoup de fans obsessionnels, dévoués. Où penses-tu que se situe la frontière entre vie publique et vie privée ?
Nos maisons devraient nous appartenir. Chacun devrait avoir la possibilité de s'y relaxer, loin de tout, sans que personne ne puisse venir frapper à sa porte. J'y arrive un peu en traçant cette frontière autour de ma maison. Lorsque nous sommes en tournée, nous essayons de rencontrer des gens et d'être généralement disponibles. Je suis heureux que, d'une certaine manière, nous ne soyons pas le genre de personnes célèbres traquées même quand nous allons au supermarché. Heureusement, nous ne somes pas assez connus pour avoir ce genre de problème. Je n'aimerais pas me faire surprendre en train d'acheter du papier toilettes !
Quel est ton pianiste favori ?
En premier, je dirais Seigeï Rachmaninov. Disons que c'est assez serré entre Franz Liszt, Rachmaninov et Frédéric Chopin. Certaines personnes pensent que Liszt est au-dessus du lot, mais Rachmaninov a quelque chose d'étrange, un côté sombre dans sa musique, que je pense n'avoir jamais entendu dans d'autres styles de musique. Pour cette raison, je voterais pour lui. Son coeur est très sombre.
Penses-tu que votre amitié vous ait aidé à faire bloc face au succès ?
Je ne dirais pas que le succès a été un problème. Je dirais qu'il a engendré certains désagréments, comme le fait d'être loin de chez nous huit mois de l'année. Je dis cela particulièrement pour Chris, qui a des enfants et une famille. Mais je pense que notre étroite amitié nous aide, dans ces moments difficiles. Je ne définirais pas le succès comme étant un problème insurmontable, je l'ai toujours apprécié.
La difficulté principale, c'est l'aspect tournée. Nous n'aurions pas pu voyager autant si nous n'avions pas été les amis très proches que nous sommes.
Donc, jamais de coups de poing entre vous ?
(Rires) Eh bien... Je suis heureux que nous n'en arrivions pas jusque là, car Chris m'arracherait la tête juste avec un seul coup. Quelques chaises ont volé et beaucoup de kits de batterie ont été cassés.
Chris et moi, nous avons parfois attaqué la batterie de Dom...
Mais toujours avec des intentions amicales !
Existe-t-il un endroit particulier où tu voudrais être, lorsque ce sera la fin du monde ?
Sur un bateau. Ce serait sympa d'être sur la mer, loin du chaos, juste pour se détendre, se relaxer. Enfin, ça dépend... Si c'est un énorme tsunami qui provoque cette fin du monde, je ne voudrais sûrement pas me retrouver sur un bateau ! Mais si le chaos est total, que les gens deviennent complètement fous, alors oui, je pense qu'il serait bien sympa d'être sur un bateau et de ne rien faire, d'aller faire un tour du côté des Maldives ou de l'Indonésie, nager et se dire que tout est merveilleux. On pourrait sûrement vivre de la pêche pendant un moment, s'équiper d'un purificateur d'eau et s'échapper loin de tout, pour ne plus penser à rien...
Tu as déclaré qu'en voyant une photo d'Hendrix en train de mettre le feu à sa guitare, cela t'a ouvert l'esprit et aidé à imaginer ce que la musique pouvait être. Qu'est-ce qui t'a fasciné dans cette scène ?
Je pense que c'est cette idée de chaos, de liberté, de pouvoir faire ce que l'on veut dans sa vie et dans sa musique. A l'âge où j'ai découvert cette image, être dans un groupe de rock me semblait la meilleure des opportunités pour faire ce que je voulais vraiment et en musique, sur scène, et dans ma vie.
J'ai toujours adoré la musique, mais je ne réalisais pas avant ça qu'elle pouvait changer complètement mon style de vie.
En parlant de style de vie, qu'en est-il des rumeurs concernant l'enregistrement de Plug In Baby qui laissent entendre que la recette a été champignons, nudité et sauna ?
(Rires) C'était entre deux sessions d'enregistrement. En Grande-Bretagne, nous somes bénis avec la nature qui, régulièrement, lorsqu'il pleut, nous offre des champignons.
Tu en manges afin d'ouvrir ton esprit et la perspective du monde que tu peux avoir d'habitude te paraît complètement différente après. En Angleterre, ils poussent comme ça, tout seuls, près des bouses de vache, malheureusement. Donc, si tu les consommes, les choses t'apparaissent soudain différemment.
Et donc oui, nous nous sommes retrouvés... pas entièrement nus, disons seulement partiellement dévêtus, dans un bain bouillonnant. Ce mélange entre tous ces éléments a quelque peu joué sur l'enregistrement final... Pour être honnête, je ne me souviens pas des prises que nous avons faites de la chanson, mais je me souviens l'avoir écouté en me disant: "Wah, mec, c'est cool !". Mais une semaine après, nous l'avons réécoutée et nous nous sommes dit que le résultat était plutôt merdique. Nous avons donc dû passer une semaine pour remettre la chanson à niveau.
Est-il vrai que Muse a supporté le retour des Spice Girls ?
Je n'ai aucune idée sur la provenance de cette rumeur. Je pense que quelqu'un l'a mise sur Wikipédia pour faire une blague et tout le monde l'a crue. Je n'ai jamais joué avec elles et je ne les ai jamais rencontrées.
Cela te fait quoi d'être le plus grand petit homme dans la musique actuelle ?
(Rires) C'est plutôt sympa. Avec ma guitare sur scène, je me dis: "Eh, mec, je ne suis pas si mauvais que ça après tout". Je ne mesure qu'1m60, mais je peux jouer de bons riffs de guitare et c'est parfait comme ça (il part dans un fou rire inextinguible) !
Penses-tu qu'il soit facile de travailler avec toi ?
Je dirais... probablement pas. Il m'est facile de travailler avec des personnes que je connais, mais avec des étrangers, c'est plus difficile, parce que j'ai pris l'habitude de faire les choses d'une certaine manière. C'est sans doute le désavantage d'être dans un groupe depuis longtemps. Tu es très soudé avec les autres et tu as une façon de travailler qui t'est propre. J'ai remarqué que, quand tu inclues de nouvelles personnes dans l'équation, elles peuvent mal interpréter ton comportement, le croire agressif ou trop envahissant. Quand tu travailles avec tes compagnons de jeu, tu arrives à trouver des compromis.
Je ne suis pas très fort pour travailler avec des personnes extérieures au groupe. Je suis probablement plus capable de travailler avec des gens que je connais déjà bien.
Es-tu du genre à utiliser le fouet pour faire avancer ton groupe en studio ?
On se fouette tous les uns les autres, cela dépend du contexte. Les deux autres l'utilisent quand je joue trop de piano ! Moi, je fais claquer le fouet quand ils se mettent à trouver des riffs de batterie à deux balles. On arrive tous les trois à trouver la bonne balance.
La chanson de Paul McCartney, Mr Bellamy, te concerne-t-elle ?
Je ne pense pas, mais je vérifierais. Je doute fort qu'elle me concerne. Je serais très surpris si c'était le cas, car ce serait une situation assez drôle.
Est-il vrai que tu penses travailler prochainement avec un orchestre ?
Si Dom et Chris me laissent faire ! Nous avons quelques morceaux que nous avons mis de côté depuis si longtemps, qui ne sont pas finis et je me demande si nous devrions encore les exploiter. J'aimerais bien essayer quelque chose dans ce genre, pas un album entier, juste quelques titres que nous avons en stock et que nous pourrions réaliser en dehors d'un album du groupe.
De quelle manière le groupe de ton père t'a-t-il influencé, en tant que musicien ?
Mon père m'a fait découvrir très jeune la musique en me faisant écouter beaucoup de disques des années cinquante et soixante, des disques que je n'aurais probablement jamais écoutés s'il ne me les avait pas passés. J'ai hérité de son côté science-fiction... Enfin, pas science-fiction, mais ce que les gens, à l'époque, avaient défini come un son venu de l'espace. Le groupe dans lequel était mon père avant, The Tornados, avait composé cette chanson, Telstar, la plus connue de toutes. Pour les années cinquante, cela sonnait très futuriste. Je pense qu'il m'a transmis cet aspect de son groupe.
Est-il vrai que tu vis dans la maison d'un ancien compositeur d'opéra et que tu as essayé d'appeler son fantôme ?
Je n'y vis plus, actuellement. Pour le groupe, nous cherchions un endroit où nous pourrions répéter et vivre en même temps. L'endroit se trouve sur les terres d'un compositeur italien d'opéra. J'ai essayé de m'imprégner de sa présence, en allant même jusqu'à écouter sa musique, que je trouve vraiment brillante. Je ressentais la présence d'une sorte de fantôme musical qui errait un peu partout. Si je dois habiter une maison hantée, autant qu'elle le soit par le fantôme d'un grand compositeur. C'est un peu un idéal pour moi (rires) !
Vous donnez-vous des rôles précis, lorsque vous êtes tous les trois en studio ?
Dom tient le rôle du diable pédant pour les détails. Il est obnubilé par chaque petit détail. Chris est plutôt le modérateur d'ambiance, qui dit: "Regardez, cela ne passe pas. Faisons un break, attendons un jour ou quelques heures pour voir si on y arrive". Dom est capable de jouer vingt fois une chanson et de se tromper vingt fois, alors que Chris est plus posé, et suggère souvent de faire une pause. Moi, j'essaye pendant ce temps de faire semblant d'être occupé derrière la table de mixage. Je suis souvent amené à parler avec le producteur, pour savoir comment il ense pense que je devrais jouer telle partie. Je devrais pourtant être de l'autre côté de la cabine son pour jouer et chanter, mais immanquablement, je me retrouve aux manettes, pour contrôler les choses. Je finis toujours par tout envoyer balader !
Aimerais-tu produire d'autres artistes ?
Définitivement, oui. La production m'intéresse beaucoup. C'est frustrant, quand nous enregistrons nos propres disques parce que je veux être plus impliqué dans la production et que je ne peux pas le faire, vu que je joue, tu comprends ? Nous sommes obligés de faire appel à d'autres personnes, pour cela.
C'est quelque chose que je voudrais faire quand je serai plus vieux, trop vieux pour tourner, par exemple. Peut-être que dans dix ans, lorsque je ralentirai la cadence, alors je me mettrai à produire des disques.
Black Holes And Revelations traduit quelque peu vos désillusions quant au climat politique actuel. L'apathie générale vous mine-t-elle, ou gardez-vous l'espoir d'une possible révolution ?
Je dirais que je suis en règle générale assez optimiste. Je le suis au sujet des personnes. Par contre, je suis pessimiste au sujet de la société. Je garde espoir que les gens s'en sortiront. Je ense que nous alons sûrement connaître des lendemains d'une grande noirceur durant les 50 ou 100 prochaines années.
Si tu devais monter un groupe, avec qui aimerais-tu le faire ?
Tom Morello (Rage Against The Machine) serait probablement le guitariste et Flea des Red Hot Chili Peppers, le bassiste. La batterie... Qui est bon ? Peut-être Jimmy Chamberlain, des Smashing Pumpkins. Pour le chant, j'opterais pour Tom Waits. Je pense que cela ferait un groupe très intéressant.
Tout le monde est impressionné par le pad X-Y Synth que tu utilises avec ta guitare, sur le titre Invincible. Tu fais toi-même tout le travail sur tes guitares ?
Lorsque quelque chose m'attire, je ne peux pas croire que personne n'y ait pensé auparavant. Pour ce cas précis, par exemple, j'avais ce système d'effets que j'utilisais, le X-Y Controller, et je me suis dit: pourquoi ne pas le coller dans ma guitare ? Heureusement, j'ai un ami qui fait des guitares. Je lui ai donc demandé de le faire et il a travaillé dessus pendant un certain temps. Cela nous a demandé quelques essais pour finalement obtenir un résultat décent. Tu vois, il suffit juste d'imaginer un truc et d'avoir un pote qui peut te le fabriquer. Je ne fais pas les choses moi-même, je viens avec beaucoup d'idées. Je suis plus un inventeur qu'un bricoleur.
Est-ce difficile d'utiliser un jetpack ?
(Rires) Je n'en sais rien, parce que je n'en ai jamais utilisé. Mais j'aimerais bien en avoir un... Michael Jackson n'en utilise pas un pour arriver sur scène ? J'ai quelque chose de similaire, mais ce n'est pas un jet. C'est un moteur de 50 centimètres cube avec un propulseur. Tu dois juste prendre un parachute pour sauter d'une colline et utiliser le moteur pour qu'il te pousse à aller de plus en plus haut. Mais bon, ça ne vaut pas le son d'un moteur de jet, qui est beaucoup plus excitant !
Utiliseras-tu un jour ou l'autre ce dispositif, pour une arrivée sur scène, par exemple ?
Le problème est que la météo est un facteur primordial et c'est le genre de chose qui peut vraiment très mal se finir. Il y a 50% de chance que tu t'écrases sur la scène, une autre chance que, accidentellement, je me retrouve dans le public et qu'une centaine de personnes se retrouvent hachées par le propulseur !
Je vais garder cette idée pour quand nous nous produirons dans un immense lieu en extérieur. Tout le monde recule !
Pour finir, quelle est la question que tu aurais aimé qu'on te pose, durant cette interview ?
Et tu me demandes ça maintenant ? "Une pinte t'aurait fait plaisir ?". Voilà une bonne question. J'essaye d'imaginer une personne qui viendrait faire une interview et qui poserait juste cette question. Si un jour tu me recroises, au lieu de m'interviewer, demande-moi juste cela et nous irons au pub boire un verre et se relaxer. On fera ça la prochaine fois, cette idée me plaît.
J'aurais bien tout réecrit moi même, mais vu la longueur, je dois avouer que j'ai eu la flemme (*part se fouetter pour se punir*),alors j'ai cherché, cherché et cherché cet interview. Et je suis tombée dessus par hasard ici : http://ilovemb.skyrock.com/article_1344382982.html (blog que j'ai, par la même occasion découvert. Et d'ailleurs, sur la page 49, on y voit ta guitare customisée Margaux...)
(cette photo juste parce que je la trouve jolie !)
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